Qui doit payer l’audit énergétique en copropriété : chaque copropriétaire ou le syndic ?

L’audit énergétique en copropriété est devenu un point indiscutable de la gestion des immeubles collectifs. En réponse aux préoccupations environnementales croissantes et aux réglementations de plus en plus strictes, les copropriétés sont amenées à évaluer leur performance énergétique et à envisager des travaux de rénovation. Mais qui doit prendre en charge le coût de ce contrôle dans une copropriété ? Cette question soulève des débats au sein des assemblées générales et mérite un éclaircissement sur les obligations légales et sur les implications financières pour chaque partie prenante.

Le cadre légal de l’audit énergétique en copropriété

Le cadre juridique entourant l’audit énergétique en copropriété a évolué ces dernières années, reflétant l’importance croissante accordée à l’efficacité énergétique des bâtiments. Connaître ces dispositions légales est indispensable pour déterminer les responsabilités de chacun dans la réalisation et le financement de l’audit.

La loi ELAN et le décret n° 2012-1342 du 3 décembre 2012

La loi ELAN (Evolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique) de 2018 a introduit de nouvelles obligations pour les copropriétés en matière de performance énergétique. Elle s’appuie sur le décret n° 2012-1342 du 3 décembre 2012 qui avait déjà posé les bases de l’audit énergétique obligatoire pour certaines copropriétés. Ces textes fixent les cas d’éligibilité et les modalités de réalisation de l’audit, marquant un tournant dans la gestion énergétique des immeubles collectifs.

Les obligations du diagnostic de performance énergétique (DPE) collectif

Le DPE collectif est désormais incontournablepour évaluer la performance énergétique des copropriétés. Il fournit une classification énergétique de A à G et des recommandations pour améliorer l’efficacité énergétique du bâtiment. Depuis le 1er janvier 2025, les copropriétés de plus de 50 lots sont tenues de réaliser un DPE collectif. Cette obligation s’étendra progressivement aux copropriétés plus petites dans les années à venir, soulignant l’importance croissante de la maîtrise énergétique dans le secteur immobilier.

Les cas d’éligibilité des copropriétés à l’audit énergétique

L’audit énergétique n’est pas imposé systématiquement à toutes les copropriétés. Plusieurs éléments rendent le dispositif obligatoire, notamment la date de construction du bâtiment (généralement avant 2001), le nombre de lots (souvent plus de 50 lots principaux), la présence d’une installation collective de chauffage ou de refroidissement.

Ces paramètres visent à cibler les copropriétés ayant le plus grand potentiel d’amélioration énergétique. Il est nécessaire pour les syndics et les copropriétaires de vérifier si leur immeuble entre dans le champ d’application de cette obligation légale.

Pour plus d’information sur ces obligations, n’hésitez pas à suivre ce lien.

La responsabilité financière de l’audit énergétique

La question du financement de l’audit énergétique est au centre des préoccupations des copropriétaires. Il est utile de savoir comment cette charge est répartie et quelles sont les implications financières pour chaque partie prenante.

Le rôle du syndicat des copropriétaires dans le financement

Ce n’est pas le syndic qui prend en charge le coût de l’audit énergétique. La responsabilité financière incombe au syndicat des copropriétaires, c’est-à-dire à l’ensemble des propriétaires de l’immeuble. Cette décision découle du fait que l’audit énergétique est considéré comme une dépense commune, bénéficiant à l’ensemble de la copropriété.

La répartition des charges selon les tantièmes

Les frais d’audit sont généralement répartis selon les tantièmes ou millièmes de copropriété de chaque lot. Cela signifie que chaque copropriétaire contribue proportionnellement à la surface de son bien par rapport à la surface totale de l’immeuble. Cette méthode de répartition est considérée comme la plus équitable, bien qu’elle puisse parfois soulever des débats lors des assemblées générales.

Les cas particuliers : copropriétés en difficulté financière

Pour les copropriétés confrontées à des difficultés financières, la question du financement de l’audit énergétique peut demeurer particulièrement délicate. Dans certains cas, des aides peuvent être sollicitées auprès des collectivités locales ou de l’Agence nationale de l’habitat (ANAH). Ces dispositifs visent à alléger la charge financière pour les copropriétés les plus fragiles, tout en encourageant la réalisation d’audits indispensables à l’amélioration de la performance énergétique.

Le processus de décision et la mise en œuvre de l’audit

La réalisation d’un audit énergétique en copropriété nécessite un processus de décision structuré et une mise en œuvre méthodique. Chaque étape doit être suivie avec rigueur pour garantir la légalité et l’efficacité de la démarche.

La convocation de l’assemblée générale par le syndic

Le syndic a un rôle déterminant dans l’initiation du processus d’audit énergétique. Il est responsable de la convocation de l’assemblée générale des copropriétaires, au cours de laquelle la question de l’audit sera débattue et votée. Cette convocation doit respecter les délais légaux et inclure à l’ordre du jour le point particulier concernant l’audit énergétique, accompagné des devis préalablement recueillis.

Le vote de la résolution pour l’audit énergétique

Lors de l’assemblée générale, les copropriétaires sont appelés à voter sur la réalisation de l’audit énergétique. Cette décision requiert généralement une majorité simple des voix des copropriétaires présents ou représentés. Le vote doit être clairement consigné dans le procès-verbal de l’assemblée pour éviter toute contestation ultérieure.

La sélection du bureau d’études thermiques agréé

Une fois la décision prise, le choix du bureau d’études thermiques revêt une certaine importance. Ce dernier doit être agréé et posséder les compétences nécessaires pour réaliser un audit énergétique conforme aux exigences légales. Le syndic peut proposer plusieurs devis, mais la décision finale appartient aux copropriétaires. Il est recommandé de comparer les prix, l’étendue des prestations offertes et l’expérience des bureaux spécialisés dans le domaine des copropriétés.

Le contenu et le déroulement de l’audit énergétique

L’audit énergétique est une démarche complète qui vise à évaluer la performance énergétique de la copropriété. Son contenu et son déroulement suivent un protocole clair pour garantir l’exhaustivité et la pertinence des résultats.

L’analyse des factures énergétiques sur 3 ans

L’une des premières étapes de l’audit consiste à examiner l’historique des consommations énergétiques de la copropriété sur les trois dernières années. Cette analyse permet d’identifier les tendances de consommation, les pics saisonniers et les éventuelles anomalies. Les factures de chauffage, d’électricité des parties communes et, le cas échéant, de climatisation sont minutieusement étudiées pour établir un profil énergétique détaillé de l’immeuble.

L’inspection in situ des systèmes de chauffage et d’isolation

L’auditeur procède ensuite à une inspection physique de la copropriété. Cette visite sur site sert à inspecter l’état réel des installations et de l’enveloppe du bâtiment. L’expert examine surtout les systèmes de chauffage et de production d’eau chaude sanitaire, l’isolation des murs, toitures et planchers, les menuiseries et vitrages ainsi que les systèmes de ventilation.

Cette inspection permet de réduire les consommations énergétiques des propriétaires en identifiant les points faibles et les potentiels d’amélioration.

La modélisation thermique du bâtiment

La modélisation thermique est une étape principalede l’audit énergétique. Elle utilise des logiciels spécialisés pour simuler le comportement thermique du bâtiment. Cette modélisation prend en compte de nombreux paramètres dont la géométrie du bâtiment, les matériaux de construction, les systèmes énergétiques en place, les conditions climatiques locales et les habitudes d’occupation des résidents.

Le résultat de cette modélisation permet d’obtenir une image exhaustive des performances énergétiques actuelles et de simuler l’impact des différentes améliorations envisageables.

Les implications financières suite à l’audit

Une fois l’audit énergétique réalisé, les copropriétaires se trouvent doivent souvent prendre des décisions importantes concernant les travaux à entreprendre et leur financement. Les implications financières sont nombreuses et nécessitent une planification minutieuse.

Le plan pluriannuel de travaux (PPT) obligatoire

L’audit énergétique débouche généralement sur l’élaboration d’un Plan Pluriannuel de Travaux (PPT). Ce document, rendu obligatoire par la loi Climat et Résilience, détaille les travaux à réaliser sur une période de 10 ans pour améliorer la performance énergétique de l’immeuble. Le PPT doit être voté en assemblée générale et devient un document de pilotage élémentaire pour la copropriété.

Le PPT inclut typiquement une liste détaillée des travaux prioritaires, un calendrier de réalisation, une estimation des coûts pour chaque intervention et une projection des économies d’énergie attendues.

Les fonds travaux et les prêts collectifs pour la rénovation énergétique

Pour financer les travaux identifiés dans le PPT, les copropriétés disposent de plusieurs options. Le fonds travaux, obligatoire pour toutes les copropriétés depuis 2025, est une réserve financière alimentée par les cotisations des copropriétaires. Il permet d’anticiper les dépenses futures et d’éviter des appels de fonds importants et soudains.

En complément, les copropriétés peuvent recourir à des prêts collectifs spécialement dédiés à la rénovation énergétique. Ces prêts, souvent à taux préférentiels, permettent d’étaler le coût des travaux sur plusieurs années, rendant les projets de rénovation plus accessibles financièrement.

Les aides financières : MaPrimeRénov’ copropriétés et CEE

Les copropriétés peuvent bénéficier de diverses aides financières pour alléger le coût des travaux de rénovation énergétique. Parmi les dispositifs les plus importants, se trouvent MaPrimeRénov’, aide pour les copropriétés réalisant des travaux de rénovation énergétique et les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE), primes versées par les fournisseurs d’énergie en échange de travaux d’économies d’énergie.

Ces aides peuvent réduire le reste à charge pour les copropriétaires, rendant les projets de rénovation énergétique plus attractifs et réalisables. Il est impératif de bien se renseigner sur les conditions d’éligibilité et les démarches à suivre pour alléger le financement des travaux.

L’audit énergétique en copropriété, bien que représentant un coût initial, ouvre la voie à des améliorations conséquentes de la performance énergétique des immeubles. Son financement, partagé entre les copropriétaires, doit être vu comme un investissement plutôt qu’une simple dépense. Les résultats de l’audit, combinés aux différentes aides et options de financement disponibles, permettent aux copropriétés de planifier et de réaliser des travaux de rénovation énergétique ambitieux. Ces travaux non seulement réduisent l’empreinte écologique des bâtiments, mais apportent aussi des bénéfices tangibles aux copropriétaires en termes de confort, de réduction des charges et de valorisation de leur patrimoine immobilier.

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